Manuscrits médiévaux

Au cœur de mes recherches se trouvent les manuscrits médiévaux, que j’étudie sous les angles codicologique, textuel et visuel. Je m’intéresse particulièrement aux pratiques scripturales, à l’attribution et à la copie, ainsi qu’aux relations entre texte et image.

Mes premiers travaux de master, une monographie consacrée à un manuscrit de la Bibliothèque nationale de France, ont suscité un intérêt durable pour la codicologie. Depuis, j’ai publié le catalogue des manuscrits médiévaux de la collection du Louvre Abu Dhabi et ai contribué à de nouvelles acquisitions.

J’ai également dirigé ou participé à plusieurs projets portant sur les manuscrits :

Études de genre

Ma thèse porte sur les femmes en tant que copistes au long Moyen Âge (avant 1600) et leur rôle dans l’économie de la production manuscrite, aussi bien dans les scriptoria monastiques que dans les ateliers urbains.

À ce jour, j’ai identifié plus d’un millier de femmes copistes et je construis un vaste jeu de données ouvert afin de rendre ces informations accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. Mon approche combine la codicologie traditionnelle et les méthodes computationnelles pour quantifier, cartographier et contextualiser les contributions des femmes, remettant ainsi en question des présupposés anciens sur la littératie, l’auctorialité et la production culturelle.

Humanités numériques

Mon entrée dans les humanités numériques fut presque accidentelle. En 2019, alors que je travaillais au Louvre Abu Dhabi, j’ai rencontré le Dr David Joseph Wrisley, au Winter Institute in Digital Humanities, qu’il a cofondé. Cette rencontre a ouvert un tout nouvel horizon de méthodologies et de perspectives.

Aujourd’hui, j’utilise des méthodes computationnelles pour enrichir l’étude des manuscrits et de l’histoire culturelle. Mes travaux incluent l’analyse textuelle (distant reading, reconnaissance de l’écriture manuscrite, stylométrie), l’analyse visuelle (réseaux neuronaux, traitement d’images, détection de formes) et les approches spatiales (SIG, cartographie). Ces outils me permettent de poser, à grande échelle, des questions qui étaient auparavant impossibles à explorer.

J’ai publié dans plusieurs revues à comité de lecture, et mon ouvrage coécrit avec le Dr Wrisley, Medieval Manuscripts and the Computational Humanities : Big Data, Scribes, and the “Paris Bible”, est sous contrat avec Arc Humanities Press. Ma thèse, vaste projet de redécouverte des femmes copistes, s’appuie à la fois sur l’analyse qualitative et quantitative, combinée à des approches computationnelles.

Échanges culturels et intellectuels, histoire globale

Je suis également une chercheuse interdisciplinaire, passionnée par les échanges culturels et intellectuels autour de la Méditerranée, qu’il s’agisse de circulation de textes et d’idées, de mobilité des techniques, du commerce ou des pratiques artistiques.

Au sein de l’équipe scientifique du Louvre Abu Dhabi, j’ai contribué à la fois aux Galeries permanentes et à de grandes expositions, dont Furusiyya : l’art de la chevalerie entre Orient et Occident, où j’ai été référente scientifique. Ces projets exploraient des thèmes tels que le pèlerinage, les expressions religieuses à travers les cultures, les routes commerciales et les échanges scientifiques.

Au-delà des expositions, j’ai également développé des outils pédagogiques — notamment les « Flipbooks des textes sacrés », qui présentent et comparent des manuscrits issus du christianisme, du judaïsme, de l’islam et du bouddhisme. Un autre projet, actuellement en pause, Mapping Pilgrimage Roads, s’appuie sur un manuscrit unique de la collection du Louvre Abu Dhabi pour explorer les questions de mobilité et de dévotion au prisme de l’histoire spatiale.